Wednesday 21 November 2012

Interview du journal le Calam avec le militant Tah Ouhd Hbib

Tah Ouhd Hbib, l’un des dirigeants du Mouvement du 25 février: ‘’Le problème en Mauritanie c’est l’immixtion de l’armée dans le champ politique et les énormes dégâts que cela occasionne pour le pays depuis trente-quatre ans’’


Le Calame : Après une pause, votre mouvement a repris ses activités suite à al blessure par balle du président de la République. Vous avez même prononcé ce qui ressemble fort à une oraison funèbre devant l’assemblée nationale en enterrant symboliquement les institutions. Est-ce à dire que vous penchez du côté de la COD qui prône désormais une « transition consensuelle » suite à la convalescence prolongée du chef de l’Etat en France, alors que le pouvoir n’est pas vacant, selon la constitution et la majorité présidentielle?


Tah Ould Hbib : Merci pour cette opportunité offerte à notre mouvement. Permettez-moi de vous rappeler que nous avons entamé nos activités pour la rentrée, avec la campagne « Goum », le 11 Octobre, soit deux jours avant que Ould Abdel Aziz ne soit atteint par le fameux tir « ami ». Cette campagne vise à sensibiliser l’opinion publique sur des questions graves telles que la hausse des prix et l’érosion de pouvoir d’achat des ménages, la corruption, le pillage des ressources minières et halieutiques… Mais les évènements qui ont suit le « tir ami » ont imposé leur propre agenda.

S’agissant de votre question, au M25Fév nous considérons que le problème n’est pas uniquement lié à la vacance du pouvoir, certes porteuse d’incertitudes et de risques majeurs. Pour nous le problème c’est aussi et surtout l’immixtion de l’armée dans le champ politique et les énormes dégâts que cela occasionne pour le pays depuis trente-quatre ans. Le régime actuel détient la palme d’or dans ce lugubre palmarès… Pour mettre un terme à la dégénérescence du pays due à la gestion des régimes d’exception, il n’y a qu’une seule solution : entamer une transition consensuelle qui jette les fondements d’une vraie démocratie pluraliste où chaque mauritanien, sans distinction aucune, puisse jouir pleinement de l’ensemble de ses droits.

En ce qui concerne notre dernière manifestation, en particulier la mise en cercueil symbolique des institutions de la République, ce n’est pas la première fois que nous abordons ainsi ce sujet : souvenez-vous de notre conférence-débat et de notre sit-in devant l’Assemblée Nationale en Mars 2012 !


A en croire les entretiens téléphoniques qu’il a passés avec certains responsables politiques, le chef de l’Etat ne serait pas dans l’incapacité d’exercer le pouvoir. Qu’en pensez-vous ?


Un soi-disant appel téléphonique ici ou là, une photo, pour le moins douteuse, avec untel ou untel, ne constituent nullement des réponses aux questions que les mauritaniens se posent aujourd’hui et que nous, au M25Fév, étions les premiers à poser publiquement, sans tabous, en organisant une manifestation avec des pancartes portant des points d’interrogation. Les questions que le Peuple mauritanien se pose aujourd’hui sont : qui gouverne la Mauritanie en l’absence du Chef de l’Etat ? Sur quelle légitimité s’appuient ces « gouvernants » ? Quelles sont les circonstances exactes de l’incident ? Pourquoi le ministre de la communication nous a-t-il menti en affirmant que « le Président va bien et qu’il est blessé légèrement au bras » ? La gestion de ce dossier dénote d’une méprise totale des autorit és de ce pays envers son Peuple. Ceci est tout simplement révoltant…


A votre avis, pourquoi le pouvoir ne laisse rien filtrer sur la santé réelle du président ?


Cette attitude n’augure rien de bon.


Le mouvement du 25 février est né dans la foulée du Printemps arabe ayant balayé Ben Ali, Moubarak et Kadhafi. A votre avis, pourquoi le M25 n’a même pas pu ébranler le régime en Mauritanie ? Pourquoi les mauritaniens ne vous ont-ils pas suivis?


Les sbires du régime actuel vous diront volontiers que « la Mauritanie n’est ni la Tunisie, ni l’Egypte encore moins la Libye »… C’est-là un son de cloche déjà entendu chez les despotes que vous avez évoqués, en proie à des révoltes populaires qu’ils méprisaient et dont ils ignoraient majestueusement l’ampleur et les potentialités… Un constat quand même : depuis le 25 Février 2011, la rue mauritanienne est en ébullition et beaucoup de mouvements, toutes tendances confondues, ont emboîté le pas aux jeunes descendus place des anciens blocs pour exprimer leur révolte.


Quels rapports entretenez-vous avez le mouvement Touche Pas à Ma Nationalité ? Partagez-vous ses revendications ? Sont-elles légitimes ?


Les rapports que nous entretenons avec nos amis de Touche Pas à ma Nationalité sont des plus cordiaux. J’ai moi-même, ainsi que beaucoup de mes camarades, participé à la plupart des activités organisées par TPMN, depuis le premier jour. Nous partageons avec eux la plupart de leurs revendications que nous considérons tout à fait légitimes. Pour preuve, une déclaration conjointe sur la situation actuelle du pays, cosignée par TPMN, Les jeunes d’El Hor, For Mauritanie et le M25Fév vient d’être publiée. Nous entretenons également d’excellents rapports avec l’ensemble des mouvements pour la défense des droits de l’homme et ceux qui ont des revendications à caractère social (diplômés chômeurs, personnel non permanent, …). Nous soutenons régulièrement ces mouvements lors des m anifestations qu’ils organisent.


Propos recueillis par Dalay Lam


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